À Propos

Pour couronner son originalité, Besnard, inventeur pionnier de maints aspects inédits de la céramique, tels que le crispé, l’or craquelé et différents procédés de gravure de la pâte, eut aussi recours à de nombreux outils réservés à des métiers autres que le sien, se révélant par le biais de ces ustensiles peu orthodoxes dans le travail de la terre comme un créateur totalement libre de ses initiatives. Ainsi délivré des attaches de la tradition potière, Besnard en vint à se promener dans le jardin des possibilités et, tel Picasso, ne cherchait pas, mais ... trouvait, et ses trouvailles n’ont toujours pas cessé d’enchanter, de charmer et de séduire.

Cette liberté lui fera mettre en œuvre avant l’heure, ingénument et spontanément, une pratique conceptuelle de la création, car dans bien des cas il ne façonnait effectivement pas de ses propres mains, mais déléguait à ses adjoints la réalisation des projets qu’il avait conçus, mentalement schématisés ou esquissés sur une feuille à dess(e)in, ainsi en avance de quelques décennies sur les usages artistiques. Posture de devancier que nous avions aussi relevée en certaines de ses audaces de façonnage qui anticipent d’un demi-siècle des gestes révolutionnaires d’artistes de la terre plus proches de nous, tels que Lucio Fontana ou encore, Gustavo Perez. Partant, non content de s’émanciper de la tradition, Besnard pose en outre des jalons pour l’avenir de son métier auquel, praticien potier autant qu’artiste céramiste, il contribue sans conteste à donner forme (à l’avenir).

Non sans raisons, – amplement explicitées au cours de cet ouvrage, le critique Ernest Tisserand l’avait très tôt qualité de moderne. Concluons donc en n en attestant maintenant que, tant en sa personne que dans ses œuvres, Jean Besnard, précurseur de l’art conceptuel et initiateur de gestes décisifs qui transforment en œuvre d’art un vulgaire limon, fut de plus un indéniable et authentique avant-gardiste.